La pauvreté des enfants, une maltraitance dans les nations les plus riches du monde
En juin 2010, les chefs d’État et de gouvernement des 27 pays de l’Union européenne se sont engagés à sortir 20 millions de citoyens européens de la pauvreté et de l’exclusion sociale d’ici à 2020. En 2013, ce bien être social souhaité n’est-il qu’un voeu pieux ?
Une étude de l’UNICEF montre une très mauvaise situation de protection de l’enfance en Lettonie.
Le Centre de recherche de l’UNICEF publiait en avril 2013 une étude sur le bien-être des enfants dans les pays riches. Ce rapport opportun révèle que les Pays-Bas et quatre pays nordiques (la Finlande, l’Islande, la Norvège et la Suède) arrivent une fois de plus en tête du classement du bien-être des enfants, tandis que quatre pays d’Europe du Sud (l’Espagne, la Grèce, l’Italie et le Portugal) se positionnent dans la moitié inférieure du tableau.
Le Bilan 11, élaboré par le Centre de recherche de l’UNICEF, examine la situation des enfants dans le monde industrialisé. Alors que le débat sur les avantages et les inconvénients des mesures d’austérité et de réductions des dépenses sociales continue de susciter des opinions très divergentes, le Bilan 11 compare les résultats de 29 économies avancées du monde dans leurs efforts pour garantir le bien-être de l’enfance au cours de la première décennie du siècle actuel.
La pauvreté, cette maltraitance économique des enfants dépend des politiques de protection de l’enfance menées par les états !
Selon le rapport, cette comparaison internationale démontre que la pauvreté des enfants, source de mortalité infantile et juvénile dans les pays étudiés n’est pas inévitable mais qu’elle dépend des politiques menées, et que certains pays obtiennent de meilleures performances que d’autres lorsqu’il s’agit de protéger les enfants les plus vulnérables.
Que ce soit en temps de crise économique, comme c’est le cas aujourd’hui, ou dans une période plus favorable pour les finances, l’UNICEF exhorte les gouvernements et les partenaires sociaux à placer les enfants et les jeunes au cœur de leurs processus de prise de décision, indique le directeur du Centre de recherche de l’UNICEF, Gordon Alexander
- Photo www.unicef.fr
Pour chaque nouvelle mesure politique envisagée ou adoptée, les gouvernements doivent explicitement étudier son impact et ses effets sur les enfants, sur les familles avec enfants, et sur les adolescents et les jeunes adultes. En effet, ces groupes ne peuvent pas s’exprimer dans les processus politiques ou bien leurs voix sont trop rarement entendues.
Bien-être matériel, santé, sécurité, éducation, maltraitance, risques, logement, environnement
Le Bilan 11 : Le bien-être des enfants dans les pays riches mesure les progrès accomplis dans cinq dimensions de la vie des enfants : le bien-être matériel, la santé et la sécurité, l’éducation, les comportements à risques, et enfin le logement et l’environnement. Selon l’étude, il n’existe pas de rapport direct entre le niveau global de bien-être de l’enfance et le PIB par habitant.
Pas de rapport direct entre le bien-être des enfants et le PIB par habitant.
Par exemple, la Slovénie obtient un meilleur classement que le Canada, la République tchèque est mieux placée que l’Autriche et le Portugal obtient de meilleurs résultats que les États-Unis. L’enquête montre également que l’écart entre les pays d’Europe centrale et de l’Est et les économies industrielles plus établies commence à se réduire.
Le bien-être de l’enfance dans les pays riches Vue d’ensemble comparative
Le classement du bien-être des enfants présente une étude comparative de 29 pays développés en fonction du bien être social de l’enfance. Les pays sont ordonnés selon la note moyenne obtenue dans les cinq dimensions du bien-être des enfants évaluées dans ce Bilan 11. Au total, cette synthèse intègre 26 indicateurs comparables à l’échelle internationale.
Les Pays-Bas maintiennent leur position à la tête du tableau, étant le seul pays classé dans les cinq premières places pour toutes les dimensions du bien-être des enfants.
Globalement, il n’y a a priori pas de rapport direct entre le niveau de bien -
être des enfants et le PIB par habitant. La République tchèque obtient un meilleur classement que l’Autriche, la Slovénie est mieux placée que le Canada et le Portugal obtient de meilleurs résultats que les États-Unis.
Quatre pays nordiques (la Finlande, l’Islande, la Norvège et la Suède) occupent le haut du classement, juste en dessous des Pays-Bas en matière de protection de l’enfance.
Les quatre dernières places sont occupées par trois des pays les plus pauvres de l’enquête, la Lettonie, la Lituanie et la Roumanie, et par l’un des plus riches, les États-Unis.
Quatre pays d’Europe du Sud (l’Espagne, la Grèce, l’Italie et le Portugal) sont classés dans la moitié inférieure du tableau.
Le taux de privation des enfants
(% des enfants pour lesquels au moins deux éléments spécifiques sont manquants) Figure 1a - cliquer pour agrandir
Tableau de classement de la privation des enfants dans 29 pays économiquement avancés - cliquer sur l’image.
Les taux de privation des enfants de quatre pays (la Hongrie, la Lettonie, le Portugal et la Roumanie) dépassent 25% Les cinq pays nordiques et les Pays-Bas occupent les six premières places. L’Irlande et le Luxembourg sont les seuls autres pays dont les taux de privation des enfants sont inférieurs à 5 % (bien que le Royaume-Uni, avec 5,5 %, ne soit pas loin).
Les taux de privation des enfants de la France et de l’Italie dépassent 10 %.
La figure 1a indique le pourcentage d’enfants (âgés de 1 à 16 ans) qui sont privés d’au moins deux des 14 variables suivantes étant donné que les ménages dans lesquels ils vivent ne peuvent pas se les permettre.
- Trois repas par jour.
- Au moins un repas avec viande, poulet ou poisson (ou équivalent végétarien) par jour.
- Fruits et légumes frais tous les jours.
- Livres appropriés à l’âge et au niveau de connaissances de l’enfant (à l’exclusion des livres scolaires).
- Équipement de loisir extérieur (bicyclette, rollers, etc.).
- Activité de loisir régulière (natation, instrument de musique, organisation pour la jeunesse, etc.).
- Jeux d’intérieur (au moins un par enfant, dont des jouets éducatifs pour bébé, des cubes encastrables, des jeux de société, des jeux informatiques, etc.).
- Ressources financières pour participer à des voyages et des manifestations scolaires.
- Endroit calme avec assez d’espace et de lumière pour faire les devoirs.
- Connexion Internet.
- Quelques vêtements neufs (tous les vêtements ne sont pas d’occasion).
- Deux paires de chaussures de la pointure appropriée (y compris au moins une paire de chaussures toutes saisons).
- Possibilité d’inviter parfois des amis à la maison pour partager un repas et jouer.
- Possibilité de célébrer des occasions spéciales (anniversaire, fête et fête religieuse, etc.).
Note : Les données renvoient aux enfants âgés de 1 à 16 ans.
La Finlande, la Suède et les trois pays baltes, l’Estonie, la Lettonie et la Lituanie sont les seuls pays où moins de 30 % des enfants mangent des fruits tous les jours.
Taux de mortalité infantile et juvénile
(Tableau 2.3 - nombre de décès pour 100 000 enfants ou adolescents âgés de 1 à 19 ans - cliquer pour agrandir )
Le tableau 2.3 présente le taux de mortalité des enfants et adolescents de 1 à 19 ans dans chaque pays. En nombre absolu, les différences entre les pays sont insignifiantes. Il est cependant intéressant de noter que si tous les pays européens avaient un taux identique à celui de l’Islande ou du Luxembourg, plus de 8 000 décès
représentant une souffrance indicible pour les familles pourraient être évités chaque année.
Trois pays nordiques (la Finlande, l’Islande et la Suède), plus le Luxembourg et la Slovénie, occupent la tête du classement avec des taux de mortalité infantile inférieurs à 2,5 décès pour 1000 naissances.
26 des 35 pays ont réussi à réduire la mortalité infantile à 5 décès ou moins pour 1000 naissances.
Les seuls pays développés dont la mortalité infantile dépasse le taux de 6 décès pour 1000 naissances sont les États-Unis, la Lettonie, la Roumanie, la Slovaquie.
Trois des pays les plus riches du monde développé (le Canada, les États-Unis et le Royaume-Uni) occupent le tiers inférieur du classement de la mortalité infantile
L’Espagne, l’Islande, le Luxembourg, les Pays-Bas, la Suède et la Suisse sont en tête du classement avec des taux de mortalité infantile inférieurs à 15 pour 100 000.
Les pays d’Europe centrale et de l’Est occupent le tiers inférieur du tableau aux côtés de la Belgique et de la Grèce.
Pollution atmosphérique
Avec moins de 20 parties par million, l’Estonie, les États-Unis, la Finlande, l’Irlande et le Luxembourg sont les pays dont le niveau de pollution atmosphérique est le plus bas. Le bon résultat des États-Unis est influencé par la législation sur la pollution atmosphérique (1997, révision en 2006) qui a imposé une série de règles plus strictes que celles en vigueur dans la plupart des pays européens. Avec des niveaux supérieurs à 30 parties par million, la Grèce, l’Italie, la Lettonie, la Pologne et la Roumanie sont les pays qui présentent les plus mauvais résultats.
- La voix des enfants - Radio Boomerang -
- La voix des enfants - Radio Boomerang - Photo AC.L.
La protection de l’ Enfance en Lettonie.
L’ étude de l’UNICEF montre une très mauvaise situation de protection de l’enfance en Lettonie
La Lettonie peut servir de modèle pour réduire le déficit budgétaire de l’Etat et réduire ses dépenses mais elle ne peut certainement pas être un exemple de politique sociale pour l’amélioration du bien-être de ses enfants et sa jeunesse.
L’étude, publiée en Avril, a constaté que le bien être des enfants et des jeunes de Lettonie est l’un des plus bas parmi les 29 pays de l’Union européenne (UE) et de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE),avec la Roumanie.
C’est une cause de préoccupation dans presque tous les domaines étudiés, mais les résultats en matière de santé, sécurité et comportement des jeunes sont les plus important à remarquer.
Les chercheurs soulignent que le bien-être des enfants est directement liée à la situation économique du pays et au niveau de revenu.
Gordon Alexander, directeur du centre de recherche de l’UNICEF, explique que cette étude montre l’importance des politiques économiques et sociales nationales : "Le bien-être des enfants et des jeunes gens est directement impacté par les réductions des dépenses publiques dans les secteurs sociaux et les prestations sociales. Le mal-être subi par les enfants et les jeunes ne dépend pas seulement de la crise financière et économique, mais de l’ampleur du gouvernement à prendre des décisions politiques", a dit Alexander Gordon.
La santé
En Lettonie, la situation la plus critique concerne la santé et la sécurité. Les résultats des recherches montrent que le taux de mortalité des nourrissons lettons, et des jeunes est l’un des plus élevés parmi les pays développés. Le taux de vaccination des enfants est parmi les plus bas 90%.
Des logements de faible qualité
La qualité du logement des enfants est également très faible . En moyenne, 22,4% des familles ayant des enfants ont des problèmes avec la qualité de leur logement - le toit, les murs, les fenêtres ou les salles de bains.
La pollution de l’air parmi les plus élevées d’Europe
Des problèmes sont également trouvés avec la qualité de l’environnement - la pollution de l’air est la plus élevée en Europe après la Roumanie, la Grèce, Chypre et la Bulgarie.
La sécurité du cadre de vie est préoccupante
La sécurité du cadre de vie, basée sur le taux d’assassinats dans le pays est préoccupante. Le taux d’assassinats en Lettonie est parmi les plus élevés : 4,8 meurtres pour 100.000 habitants, c’est le taux le plus élevé des pays étudiés dans l’UE et les pays de l’OCDE. Un taux d’assassinats plus élevé qu’en Lituanie,qu’en Estonie et qu’aux États-Unis.
Comportements à risques - violence - tabac - alcool - maternité précoce
Les enfants et les jeunes lettons sont également présentés avec les pires résultats en termes de comportement à risques. Ce sont les violences dans les écoles qui touchent près de la moitié des enfants et des étudiants de 11, 13 et 15 ans. 46% révèlent qui souffrir de violences et d’intimidation à l’école. Le taux de tabagisme est le plus élevé de tous les pays étudiés : 13,4% des enfants de 11, 13 et 15 ans fument ou ont déjà fumé. La consommation d’alcool est courante : 25% des enfants et des jeunes de -15 ans ont déjà été ivres au moins deux fois. Le nombre de mères mineures est trés haut : 16 jeunes filles sur 1.000 filles âgées de 15 à 19 ans ont donné naissance.
Le niveau d’éducation
Le niveau d’éducation évalué est relativement faible. L’étude révèle également quelques-uns des aspects positifs - La Lettonie occupe des positions relativement élevées en matière d’éducation et d’emploi dans des domaines connexes, tels que 89% des jeunes continuent à poursuivre des études supérieures dans l’enseignement post-secondaire , c’est le neuvième meilleur résultat parmi les 29 pays. Un autre bon résultat, 92% des jeunes gens âgés entre 15 et 19 ans, sont en formation, en apprentissage vers l’emploi. Dans ce domaine, la Lettonie se classe 22ème.
L’UNICEF exhorte les gouvernements à analyser l’impact socio-économique de leur politique envers les jeunes et les familles avec enfants et de considérer comme une priorité l’élaboration de la politique de l’enfance.
"S’assurer du bien-être des enfants et des jeunes n’est pas seulement une obligation morale pour un Gouvernement, mais c’est une pratique necessaire au développement national", expliquent les représentants du fonds.
Le classement des pays au début et à la fin de la décennie
Rank | Early 2000 | Rank | Late 2000s | Change in rank |
1 | Sweden | 1 | Netherlands | 2 |
2 | Finland | 2 | Norway | 2 |
3 | Netherlands | 3 | Finland | -1 |
4 | Denmark | 4 | Sweden | -3 |
5 | Norway | 5 | Germany | 2 |
6 | France | 6 | Denmark | -2 |
7 | Germany | 7 | Belgium | 1 |
8 | Belgium | 8 | France | -2 |
9 | Czech Republic | 8 | Ireland | 4 |
9 | Poland | 8 | Switzerland | 3 |
11 | Switzerland | 11 | Portugal | 5 |
12 | Ireland | 12 | Poland | -3 |
13 | Spain | 13 | Czech Republic | -4 |
14 | Canada | 14 | Canada | no change |
14 | Italy | 14 | Italy | no change |
16 | Greece | 16 | United Kingdom | 4 |
16 | Portugal | 17 | Austria | 1 |
18 | Austria | 18 | Greece | -2 |
19 | Hungary | 18 | Hungary | 1 |
20 | United Kingdom | 18 | Spain | -5 |
20 | United States | 21 | United States | -1 |
À propos de l’UNICEF
L’UNICEF est à pied d’œuvre dans plus de 190 pays et territoires du monde entier pour aider les enfants à survivre et à s’épanouir, de leur plus jeune âge jusqu’à la fin de l’adolescence. Premier fournisseur mondial de vaccins aux pays en développement, l’UNICEF soutient la santé et la nutrition des enfants, l’accès à de l’eau potable et à des moyens d’assainissement, une éducation de base de qualité pour tous les garçons et toutes les filles et la protection des enfants contre la violence, l’exploitation sous toutes ses formes et le SIDA. L’UNICEF est entièrement financé par des contributions volontaires de particuliers, d’entreprises, de fondations et de gouvernements. Pour en savoir plus sur l’UNICEF et son travail : www.unicef.org
Le Centre de recherche Innocenti de l’UNICEF
Le Centre de recherche Innocenti (CRI), situé à Florence, en Italie, a été créé en 1988 pour renforcer le potentiel de recherche du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) et soutenir son engagement en faveur des enfants du monde entier. Le Centre est le pôle dédié à la recherche du Bureau de la recherche de l’UNICEF, chargé de diriger le programme de recherche stratégique sur l’enfance.
Sources :
Les graphs et cartes interactives des résultats du service de recherche de l’UNICEF.
Convention relative aux droits de l’enfant des Nations Unies