lu dans l’express.be, le portail belge d’affaires/
http://www.express.be/business/fr/economy/pourquoi-le-succes-economique-de-la-lettonie-nest-pas-un-bon-exemple-pour-leurope/170877.htm
Les tenants de l’austérité invoquent souvent la Lettonie comme témoin de son efficacité. Mais la Lettonie ne devrait guère être érigée en modèle pour la Grèce ou pour d’autres pays d’Europe, écrivent Michael Hudson et Jeffrey Sommers dans le Financial Times. Le taux de chômage atteint encore 15% de nos jours, bien qu’entre 2008 à 2010, du fait de la politique d’austérité, de la contraction de 25% du PIB et de la montée du taux de chômage qui a alors dépassé les 20%, 200.000 Lettons, soit près de 10% de la population, ont quitté le pays.
Pour satisfaire aux critères de l’entrée dans la zone euro, le gouvernement letton a de réduire de 30% les salaires des fonctionnaires, espérant que la cure d’austérité ramènerait la prospérité. En réalité, c’est le plan de sauvetage de l’UE et du FMI qui a sauvé la Lettonie. Le pays doit bientôt commencer à rembourser les prêts qui lui ont été accordés à ce moment-là.
Le fait que les Lettons aient connu l’ère soviétique et qu’ils n’aient pas une culture de syndicats très forte a été un atout qui a complété la flexibilité de la force de travail lettone. Le paysage politique letton, qui se distingue aussi par ses clivages plutôt ethniques que politiques, a également contribué à assoir ce type de politique. Le plus gros parti opposé à la rigueur est celui des Russophones, et il n’avait aucune chance de se faire entendre compte tenu du fait qu’il se concentre sur les droits de cette minorité. Le parti qui prônait l’austérité s’est donc imposé, d’autant que ce qu’il proposait une alternative crédible pour résister au retour dans le giron de la Russie.
Les effets de la politique d’austérité sur le peuple letton illustrent bien en revanche les limites de l’exercice sur le plan humain. D’abord, les Lettons n’ont pas manqué de manifester contre l’austérité. En janvier 2009, une manifestation a attiré 10.000 personnes à Riga. De plus, le pays possède l’un des taux de suicide les plus élevés d’Europe, et ses routes sont réputées dangereuses en raison d’un grand nombre d’accidents de la circulation mettant en cause des conducteurs en état d’ébriété. La criminalité a fortement augmenté ces dernières années, à cause du chômage et des coupes budgétaires dans les services de police. Le taux de natalité s’est effondré durant la crise, comme c’est le cas chaque fois qu’un gouvernement impose une politique de rigueur.
Ce que les Européens peuvent comprendre de cet exemple, c’est qu’une politique d’austérité ne peut fonctionner que lorsqu’elle est appliquée temporairement, et seulement si le pays est relativement petit (une population de quelques millions), ce qui permet aux pays voisins d’absorber les émigrés qui ont quitté le pays à la recherche d’un emploi. La Grèce, qui connait déjà une situation démographique difficile, n’est donc pas une bonne candidate, affirment les auteurs.
source : financial times
http://www.ft.com/intl/cms/s/0/73314cbe-baee-11e1-81e0-00144feabdc0.html#axzz1yQGVy5IW